Luc Zangrie, né Luc de Heusch, est un cinéaste, professeur, et l’un des fondateurs de l’anthropologie sociale et visuelle en Belgique. Après avoir obtenu son diplôme en philosophie à l’Université libre de Bruxelles, il se tourne vers l’anthropologie et effectue des recherches approfondies sur les sociétés traditionnelles africaines, en particulier celles du Congo et du Rwanda. Son travail de terrain rigoureux et ses écrits théoriques novateurs lui valent une renommée internationale. Son œuvre cinématographique porte les traces de sa formation et de ses nombreux voyages en Afrique et comprend, sans surprise, plusieurs documentaires ethnographiques. Sa poétique au goût surréaliste le rapproche d’autres artistes et groupes d’avant-garde de l’époque, notamment le mouvement CoBrA, qui produira son premier court métrage Perséphone, présenté par De Renava.
Inspiré par la mythologie grecque et subsaharienne, ainsi que par le cinéma expérimental et abstrait, Zangrie crée des univers oniriques, à la frontière entre rêve et réalité, dans lesquels les personnages deviennent ambigus, se confondent, se dédoublent. Le contraste entre ses films et courts métrages presque ésotériques d’une part, et ses productions documentaires ethnographiques d’autre part, fait de lui une personnalité multiforme et polyvalente, dont les diverses vocations se complètent dans la création d’œuvres uniques mais jamais univoques. 

Marwan Rechmaoui est un des artistes les plus importants du Liban d’après-guerre. Son travail se concentre sur les thèmes du développement urbain et de l’histoire sociale. Ses œuvres, souvent réalisées avec des matériaux industriels tels que le béton, le verre et le caoutchouc, reflètent son étude méthodique de la socio-géographie, de l’architecture et des histoires culturelles des villes et des pays.  L’artiste utilise la cartographie, la démographie et l’urbanisme pour exposer les structures sociopolitiques et les dynamiques du pouvoir dans le monde arabe. En plus de son travail artistique, Marwan Rechmaoui est également engagé dans des projets éducatifs et sociaux visant à promouvoir l’art et la culture dans sa ville natale de Beyrouth. Il est reconnu pour sa contribution à la scène artistique du Moyen-Orient et son exploration innovante de la cartographie sociale et de l’urbanisme.  

Rechmaoui a fait l’objet de nombreuses expositions dans des institutions et galeries, dont la Sharjah Art Foundation (2019-2023) ; la Sfeir-Semler Gallery de Beirut (2012-2020) ; la Biennale de Busan (2022) ; le Musée Reina Sofia de Madrid (2021) ; la Biennale d’Istanbul (2015) ; la Serpentine Gallery de Londres (2012) ; la Saatchi Gallery de Londres (2009) ; la Biennale de Sharjah (2005-2017).

L’essentiel du travail de Cerith Wyn Evans découle de son fort intérêt pour le langage et la communication, utilisant souvent des textes trouvés ou des citations de films, de philosophie ou de littérature. Sa carrière artistique commence tôt, toute tournée vers la production cinématographique, et fortement influencée par l’esthétique queer et punk du Londres des années 1980. Ses films, résolument avant-gardistes, harmonisent des principes structuralistes avec un onirisme érotique, mélange typique des réalisateurs provocateurs tel que Kenneth Anger. Cela lui permet d’être apprécié aussi bien des milieux institutionnels que des sous—cultures queer et underground. Au début des années 1990, Evans commence à élargir sa production pour inclure la sculpture et l’installation, privilégiant des matériaux tels que le néon et le verre.  

De nombreux musées ont consacré des expositions monographiques à Cerith Wyn Evans, dont le Pirelli Hangar Bicocca de Milan (2019) ; la Tate Britain de Londres (2018) ; la Serpentine Gallery de Londres (2014) ; l’Institute of Contemporary Arts de Londres (2004)  et le Massachusetts Institute of Technology de Boston (2004). Evans a également participé à la Documenta 11 de Kassel en 2002 et a été le premier artiste à représenter le Pays de Galles à la Biennale de Venise en 2003. 

Connu pour son caractère 
excentrique et décalé, Kenneth Anger est l’un des grands pionniers du cinéma expérimental de la seconde moitié du XXe siècle, introduisant des innovations révolutionnaires pour l’époque telles que les coupes sautées et l’utilisation de la musique pop dans les bandes sonores. La nature controversée de son travail a contribué au fil des ans tout à la fois à sa consécration en tant que père du cinéma expérimental, et à son ostracisation des cercles plus institutionnels de l’industrie. Le contenu transgressif et homoérotique de Fireworks (1947), son premier film à succès, réalisé à seulement 17 ans, a conduit à la condamnation pour obscénité du propriétaire d’un théâtre de Los Angeles qui l’a montré en 1957, bien que la condamnation ait été annulée en 1959. Dans ses œuvres plus matures, la forte influence des enseignements mystiques de l’occultiste britannique Alister Crowley, auquel Anger adhère, est évidente. La fascination de l’artiste pour l’ésotérisme, les cultes à mystères et une vision presque magique de la sexualité, remplissent ses films d’images et de symboles énigmatiques.

Toujours accompagné de bandes sonores innovantes, son travail est devenu l’une des sources 
d’influence majeures des sous-cultures des 
années 1960 et 1970, participant par exemple à la définition des lexiques iconographiques et musicaux queer. Il a également influencé parmi les 
réalisateurs les plus importants d’Hollywood, de Martin Scorsese à David Lynch. 

Fragments et images des œuvres de Kenneth 
Anger ont été inclus dans plusieurs expositions, notamment lors de la Biennale du Whitney Museum de New York (2006) ; au Moderna Museet de Stockholm (2008) et au Kunsthaus Zürich (2009). Il a été l’objet d’une importante rétrospective au MoMA de New York en 2009.

Mohamed Bourouissa est un des artistes les plus reconnus de sa génération. Sa pratique de prédilection est la photographie, mais il explore également le dessin, la sculpture, le vidéo et le spectacle vivant. Sa poétique s’appuie sur une analyse de la société opérée de l’intérieur, et sur une observation attentive des dynamiques d’inclusion et d’exclusion générées par celle-ci. La critique des médias de masse et de leur attitude simpliste dans la représentation de la nature effectivement multiple
de l’individu imprègne ses œuvres. Cette thématique est abordée à travers la déconstruction des clichés constitutifs de certaines identités visuelles, comme le « jeune de banlieue », le cow-boy ou le prisonnier, pour arriver à redonner aux membres d’une communauté le statut de sujets sociaux. La production de cet artiste combine documentation et composition formelle, pour créer des performances chorégraphiées qui trouvent des précédents historiques dans les figures d’artistes telles que Le Caravage, Delacroix, mais aussi Jeff Wall et la Harlem Renaissance. 

Les œuvres de Mohamed Bourouissa ont été largement exposées à travers le monde : à la Biennale de Venise (2011) ; à la Haus der Kunst de Munich (2014) ; à la Biennale de La Havana et de Lyon (2015) ; au Stedelijk Museum de Amsterdam (2017) ; au 
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (2018) ; aux Rencontres d’Arles (2019) ; à la Biennale de Sydney (2022).

Les recherches de Neïl Beloufa portent sur la société contemporaine et sur sa représentation médiatisée par l’interaction numérique et les nouvelles technologies. En particulier, son travail réfléchit sur les relations de pouvoir, la surveillance numérique et les stratégies de data collection. Ses œuvres abordent les thèmes de l’identité et des idéologies nationalistes à travers une lecture post-coloniale. Par une esthétique qui véhicule l’influence des jeux vidéo, de la téléréalité et de la propagande politique, Beloufa expose les mécanismes d’une société dont les dynamiques internes sont plus que jamais façonnées par le web, la technologie et les algorithmes. Beloufa est aussi reconnu pour ses installations interactives combinant des éléments d’architecture industrielle, des objets trouvés et des technologies numériques, pour créer des espaces hybrides où le réel et l’imaginaire se rencontrent. La nature multidisciplinaire de son œuvre et sa tendance à utiliser des médiums de nature différente, tels que la sculpture, l’installation, la vidéo et le long métrage, lui permettent de renouveler son regard, offrant toujours de nouvelles interprétations et clés de lecture.

Ses œuvres ont été exposées dans diverses institutions, telles que le Hammer Museum de Los Angeles (2014) ; l’Institute of Contemporary Art de Londres (2014) ; le MoMA de New York (2016) ; le K11 de Shanghai (2016) et le Palais de Tokyo de Paris (2018). 

Mona Hatoum est souvent définie comme une artiste nomade, car son histoire personnelle et son identité culturelle se situent entre trois pays : la Palestine, la terre de ses parents ; le Liban, où elle est née et qu’elle a ensuite dû fuir ; l’Angleterre, où elle vit et travaille encore.  Son travail engagé explore les thèmes du pouvoir, de l’identité et de l’appartenance, à travers l’utilisation de différents médiums, notamment l’installation, la sculpture, la vidéo et la performance.  L’œuvre de Hatoum repose souvent sur des objets du quotidien, transformés en symboles puissants et ambigus. Ses créations empreintes de minimalisme et de conceptualisme reflètent la tension entre l’intime et le politique, explorant les notions de distance, de frontière et d’exclusion.  

Reconnue pour son approche expérimentale et multidisciplinaire, Hatoum a été exposée dans les plus grands musées du monde, notamment au Castello di Rivoli de Turin (1999) ; au MoMa de New York (2004) ; au Hamburger Kunsthalle (2004) ; à la Tate Modern de Londres (2016). Elle a également participé à la Biennale d’Istanbul (1995) ; à la Biennale de Venise (1995) ; à la Documenta 11 de Kassel (2002) et à la Documenta 14 entre Kassel et Athènes (2017).

Le travail de Zoulikha Bouabdellah, artiste plasticienne et vidéaste, explore les questions d’identité, de genre et de postcolonialisme, en utilisant une variété de médiums tels que la vidéo, la performance, l’installation et la photographie. Son œuvre est influencée par ses expériences en tant que femme algérienne évoluant entre différentes cultures et traditions.  

Utilisant souvent des symboles culturels et religieux, les installations et œuvres vidéo de l’artiste abordent les thèmes de la religion, de la sexualité et de la politique, pour susciter une réflexion critique et remettre en question les stéréotypes. A travers ses œuvres, l’artiste invite les spectateurs à mettre en perspective les systèmes de valeur identitaires et sociaux. Son travail a été exposé notamment à la Biennale de Venise (2009), au Brooklyn Museum de New York et au LACMA de Los Angeles (2023). 

Leandro Erlich est principalement connu pour ses installations artistiques novatrices qui explorent la relation entre l’espace, la perception et la réalité. Il a développé son style distinctif et expérimental à l’Université des Arts de Buenos Aires, où il a étudié.   

Ses installations interactives invitent les visiteurs à participer activement à l'œuvre et l'ont rendu très populaire. Des piscines suspendues dans les airs, des maisons qui semblent s’enfoncer dans le sol, ou encore des miroirs trompeurs qui jouent avec la perception de l’espace ; ses créations sont des expériences immersives qui remettent en question notre compréhension conventionnelle de l’environnement qui nous entoure. En explorant les notions de perception, de tromperie et de réalité, il offre au public une expérience artistique unique et captivante, rappelant certaines œuvres de Maurits Cornelis Escher et Renée Magritte.

Ses installations ont été présentées au public au Whitney Museum de New York (2000) ; au Palais de Tokyo de Paris (2006) ou encore au Musée Reina Sofia de Madrid (2009). Il a aussi participé aux biennales de La Havane (2000), Istanbul (2001), Venise (2001 et 2005), Shanghai (2002) et Sao Paulo (2004).

Artiste pionnier de l’art vidéo et reconnu à l’international pour ses œuvres à la croisée du cinéma expérimental et de l’installation, Ange Leccia mène simultanément une réflexion sur l’objet et un travail sur l’image en mouvement. Il explore les capacités du médium vidéo à rendre compte des phénomènes naturels et cognitifs.  Après des études d’arts plastiques, il initie ses recherches en tant que pensionnaire à l’Académie de France à Rome. L’artiste, inspiré par l’image cinématographique, développe alors une pratique qui oscille entre les manifestations de l’esprit (obsession, mémoire, perception) et la matérialisation des éléments de la nature dont chaque détail semble magnifié. Par une délicate manipulation des effets permise par les caractéristiques techniques de la vidéo (montage, surimpression, mixage, vitesse, répétition et réutilisation d’extraits qui endossent un tout nouveau sens), Ange Leccia crée des oeuvres complexes et contemplatives, qui ont à la fois l’aspect vibrant et effervescent des phénomènes qu’elles encapsulent, et la douceur patiente et sereine d’une scène profondément picturale. Ses recherches sur la luminosité et les contrastes, ainsi que sa fascination pour l’esthétique du spectacle naturel et des peurs enfantines qui y sont liées, rappellent les œuvres des impressionnistes et des romantiques.

Son travail a notamment été exposé au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, au Centre Georges Pompidou de Paris, au Guggenheim Museum de New York, à la Documenta de Kassel, à Skulptur Projekte de Münster, à la Biennale de Venise, au Seibu Museum, Document d’art d’Hiroshima. En 1997, il devient professeur à l’École Nationale Supérieure de Cergy puis en 2000, directeur du Pavillon du Palais de Tokyo. Ange Leccia a enseigné à la Geidai Tokyo University of the Arts et a été résident de la Villa Kujoyama à Kyoto. En 2013, le MAC/VAL lui a consacré une exposition monographique, ainsi que le Palais de Tokyo en 2014 et l’Akureyri Art Museum en 2019. En 2017, il a une exposition rétrospective à la National Gallery de Reykjavik et en 2022 le musée de l’Orangerie lui consacre l’espace Contrepoint contemporain pour une création spécialement conçue autour des Nymphéas de Monet.

Jean Genet est un écrivain, dramaturge et réalisateur français, né en 1910 et décédé en 1986 à Paris. Son travail explore les thèmes de la marginalité, de la transgression et de la sexualité, faisant de lui l’une des figures les plus influentes de la littérature et du théâtre du XXe siècle.

Genet a vécu une enfance difficile et a passé une grande partie de sa vie dans les institutions correctionnelles et les prisons. C’est là qu’il a commencé à écrire, développant un style littéraire provocateur et subversif qui défie les normes sociales et explore les profondeurs de la condition humaine.

En 1950, grâce à son amitié qui le lie à Henri Langlois, le fondateur de la Cinémathèque Française, il réalise son premier et dernier film Un Chant d’Amour, exposé par De Renava. Jugé scandaleux, le film fut interdit, et paraît–il détruit, par la censure. Quelques années plus tard, une copie refait surface aux Etats-Unis, et est montré à nouveau par 
Jonas Mekas, figure fondamentale de l’underground new yorkais, générant un nouveau scandale et une nouvelle censure. L’histoire de Jean Genet avec le cinéma est une histoire courte et tourmentée, mais elle nous a donné un film d’une charge émotionnelle incroyable et un important aperçu de l’univers visuel d’un artiste d’exception.

Le travail de Kader Attia, artiste visuel franco-algérien, est profondément influencé par ses origines multiculturelles et son expérience personnelle de la migration et de la diaspora. Ses œuvres sont caractérisées par leur engagement politique et leur réflexion sur l’histoire coloniale, les traumatismes collectifs et les questions de justice sociale. Il explore également les concepts de réparation et de guérison dans ses installations, en soulignant les cicatrices laissées par l’histoire et en proposant des possibilités de transformation et de réconciliation. En plus de son travail artistique, Kader Attia est un penseur engagé et un conférencier recherché, contribuant aux débats sur les questions de l’altérité culturelle et la mémoire collective. Son approche artistique multidisciplinaire et son engagement éthique font de lui une voix essentielle dans le paysage artistique contemporain, nous invitant à repenser les structures de pouvoir et à promouvoir la conciliation et la compréhension mutuelle.

Ses œuvres ont été exposées dans des institutions de renommée internationale, telles que la Hayward Gallery de Londres (2013) ; la Whitechapel Gallery de Londres (2013) ; le KW Institute for Contemporary Art de Berlin (2013) ; le Beirut Art Centre (2014) ; le Museum of Contemporary art de Sydney (2017) ; le SMAK de Gent (2017). Il a aussi participé à Documenta 13 de Kassel (2012) ; à la Biennale de Venise (2017) ; la Biennale de Shanghai (2018) ; la Biennale de Gwangju (2018) et Manifesta 12 à Palerme (2018).

Avec sa personnalité souvent perçue comme excentrique et éclectique, Pipilotti Rist est considérée comme l’une des pionnières de l’art vidéo des années 1990.  Elle se fait connaître dans les années 1980 en tant que membre du groupe post-punk pop Les Reines Prochaines, pour lequel elle a créé ses premières œuvres vidéo. Au fil des ans, Pipilotti Rist a réussi à créer une esthétique unique et immédiatement reconnaissable, qui porte les influences de l’art vidéo féministe, mais aussi des œuvres hyper-cinétiques de Nam June Paik. Utilisant le langage de la télévision et de programmes tels que MTV, Pipilotti Rist explore le thème du désir, et en particulier sa représentation dans les médias de masse et dans la culture pop. La particularité de son travail réside justement dans le fait que ces problématiques majeures sont abordées à travers la création de décors fantastiques, imprégnés d’ironie et d’humour.  Aujourd’hui, Pipilotti Rist reste l’une des figures les plus importantes de l’art contemporain, et ses installations immersives, lumineuses et colorées sont présentées par d’innombrables institutions à travers le monde.  

Parmi ses collaborations les plus renommées, on compte le Museum of Contemporary Art de Chicago (1996) ; le Hamburger Bahnhof à Berlin (1998) ; le Musée Reina Sofia à Madrid (2001) ; la Serpentine Gallery (2004) ; la Fundació Joan Miró à Barcelone (2009) ; le MoMa de New York (2008) ; le San Francisco Museum of Modern Art (2015) ; le New Museum de New York (2016) ou le Kunsthaus Zurich (2016). Elle a également participé à de nombreuses biennales : Venise (1993, 1999, 2005), Sao Paulo (1995), Lyon (1997), Berlin (1998) et Sydney (2000).